Selene Cartwright

J'ai toujours été plus ou moins solitaire, toute mon enfance, j'avais trois grands frères qui se bagarraient tout le temps et qui m'ont toujours mis à l'écart. Je n'étais pas malheureuse ou je ne considérais pas cela comme du malheur, non j'ai toujours été l'enfant indésirée, de surcroit une fille.
Je suis née le 05 août 1885 à Donskoï en Russie, ma chère mère était une russe et mon père un anglais. Je ne sais pas comment ils se sont rencontrés ni comment ils ont fait pour se marier et s'aimer. Ils étaient totalement différents et beaucoup de personnes ne les acceptaient pas, une russe et un anglais .. N'importe quoi ! Même moi j'ai eu du mal à me dire à l'époque que mes parents pouvaient être si différents. De nos jours, beaucoup de couples ne sont pas de même nationalité mais à l'époque, vraiment, c'était immonde !
J'ai vécut mes jours heureux à Saint-Petersbourg encore capitale de la Russie à l'époque. Nous vivions dans une petite maisonnette qui était vraiment trop petite pour une famille de six personnes. Dire que nous avons manqué de rien, serait totalement faux. Nous n'étions pas très riches, pour ne pas employer le terme pauvre, mon père dépensait plus dans les bars du coin qu'en nourriture pour nous. J'ai du mal à me rappeler toute cette période là, c'est flou pour moi et pas tellement heureux. Ma mère par contre était une femme bien, même si elle ne nous montrait jamais son affection envers nous, elle était froide et distante. Je sais d'où vient mon principale trait de caractère.
Mon père meurt en 1900, j'étais âgée de quinze ans et pour moi le voir mourir ne m'a fait aucun mal. Je n'ai jamais été proche de mon père mais par contre après sa mort les ennuis ont commencés, l'argent qui manquait en plus des dettes qu'il nous avait laissé et les caprices de mes frères. Moi je ne faisais pas partie de cette famille, je vivais juste avec eux, je n'avais aucun lien émotionnel avec eux. C'est dur de le dire mais maintenant qu'une centaine d'années ont passées, j'y vois beaucoup plus clair et me dis que je me suis totalement protégé pour ne pas plonger comme eux.

Ma transformation a été le moment le plus dur de toute ma vie et bizarrement je me souviens de tous les mots, de tous les gestes et tous ceci ne partira surement jamais. J'en ai les marques au plus profond de moi-même.
J'avais 19ans et je me baladais tranquillement dans la forêt, je ne faisais aucunement attention à l'heure qu'il pouvait être. Je pensais à tout et à rien, à m'enfuir, j'aimais rêver de la façon dont j'allais m'enfuir d'ici, mais malheureusement mes rêves ne se sont jamais réalisés. Je marchais depuis déjà quelques heures quand j'entendis un rire derrière moi, un rire terrifiant qui vous pétrifie sur place. J'aurais pu faire énormément de choses en y repensant, maintenant j'aurais fait des choses mais à cette époque, j'avais peur de tout, de la vie, de combattre, de tuer. Alors je ne bougeai pas, je me rappelle avoir pleuré et même quand j'entendis des pas derrière moi je ne fis rien. Était-ce voulu? Peut-être que je savais qu'il allait m'arriver quelque chose de horrible et que je le voulais? Peut-être.
Il m'a sauté dessus sans que je puisse crier et d'un coup d'un seul tout mon corps me brûla, je me rappelle avoir crié, crié de toutes mes forces pour qu'on me sauve. Puis j'ai enfin entendu la voix de mon créateur, il me remercia d'un simple merci. Il me remercia !! Sur le coup je ne compris pas, c'est des années après que j'ai enfin compris, la soif. M'avait-il tuer par simple soif ou par simple plaisir? J'aimerais tant le savoir, le voir, lui parler.
Je ne sais pas combien de temps la torture a duré? Quelques jours surement. Mais à un moment les brûlures se sont atténuées pour disparaitre, j'ai ouvert les yeux et tout était différent, je sentais tout autour de moi, je voyais ce que je n'aurais jamais vu et je pensais tellement vite à tellement de choses à la fois.

En dix ans, j'avais fait deux fois le tour du monde, tuer des milliers d'animaux et pas un seul humain. Je refusais de tuer ceux qui étaient de mon espèces il y pas si longtemps que cela. Je me refusais aussi de revoir ma famille parce que je savais que tout serait bizarre et qu'ils seraient surement morts, je ne sais pas ce qu'ils sont devenus et je ne veux même pas le savoir. Je me suis posée au Canada pendant des dizaines d'années, j'ai eu de la chance d'avoir un père anglais, je savais aussi bien parler russe que anglais. Aucun problème de communication même si je ne voyais aucun humain et que donc je ne parlais à personne. J'ai passé des années à accroitre mes aptitudes, je courais tellement vite, j'avais une force surhumaine. Je calmais ma soif comme je le pouvais mais en aucun cas j'aurais essayé à me mélanger avec les autres humains.
Puis un jour, calmement dans la forêt, j'ai sentis une odeur incomparable aux autres, une odeur si forte qui brûlait le gorge d'une façon si .. si forte que je me risqua à aller voir. Ce fut ma plus grande erreur et je m'en blâmerai tous les jours de mon éternité. Je m'étais approché de cet homme et même si je me sentais forte à résister à énormément de choses, cette odeur là fut comme si on me poussait vers lui et en cinq secondes j'étais sur lui entrain de boire son sang. Le pire c'est qu'il ne s'est pas débattu.
Après cet acte horrible, je m'effondrais pendant des heures, puis je me relevais pour courir et enfin pour m'arrêter à un endroit, devant un panneau où il y avait écrit 'FORKS'. Campagne replié de la grande ville, avec des forêts partout, toujours dans le froid et peu d'habitants. Tout cela me semblait bon et je m'étais promis d'essayer de faire de ma vie, une vie parfaite comme je me l'avais imaginer. Mais je ne le pouvais pas, inscrite au lycée de Forks, je ne voulais pas m'intégrer aux autres, je ne parlais à personne. Je restais seule, Je chassais des animaux quand je pouvais et J'étudiais beaucoup, tout ce qui me passé par la tête. Je ne rencontrais qu'une personne avec qui je pouvais me sentir à l'aise, il s'appelait Ethan Murciano, un jeune homme aussi solitaire que moi. Je ne connaissais que vaguement son histoire mais Je me sentais à l'aise avec lui.
Un seul problème? Son odorat.